mise en boites sardines

Historique de Douarnenez

Texte de Michel Mazeas, historien (1985).

Création du grand Douarnenez

La guerre a changé les esprits. L’effort de la reconstruction s’impose à tous et chacun cherche les moyens de la rendre plus efficace.

À Douarnenez, on choisit d’abord de réunir les quatre anciennes communes. Ainsi, Ploaré, Pouldavid, Tréboul et Douarnenez fusionnent en 1945. Pour en savoir plus, rendez-vous à cette page.

Le démarrage économique est encourageant mais il s’essouffle au fil des années. La population baisse lentement depuis 1910 et continue sa courbe légèrement descendante.

Pourtant de nouvelles industries s’installent, d’autres se modernisent. Mais les 3500 emplois de la pêche se réduisent à 500 et le déficit est difficile à combler.

À travers les vicissitudes de l’économie et les aléas de la vie politique, Douarnenez cependant trace sa voie à la rencontre de son destin.

Sur son riche passé, la ville et les communes environnantes tressent une image d’elles-mêmes qui se veut dynamique et tournée vers l’avenir et ses activités multiformes, alliant l’économie à la culture, la vie politique à l’ouverture d’esprit.

Traversant la crise, comme tout le pays, Douarnenez ne renonce pas et vous accueille, cher ami lecteur, avec chaleur et sympathie.

Une ville tournée vers la pêche

cuves à garum

De l’antique cité des Leones, qui figure sur la carte du grand géographe arabe Idrisi (1100-1186), il reste, aux Plomarc’h, les vestiges de la fabrique gallo-romaine de garum, condiment épicé de poisson.

Les nouvelles techniques, de nouveaux lieux de capture, ont multiplié les apports : jusqu’à 21 000 tonnes en 1981, mais la réduction des flottilles a réduit aujourd’hui des deux tiers les quantités débarquées. Au début du XXe siècle, Douarnenez compte 5 000 pêcheurs. Cent ans après, il en reste 200 embarqués. Pourtant les conserveries tournent à plein rendement avec du poisson importé. Leurs marques ont fait le tour du monde : « Petit Navire » (Paulet), « Connétable » (Chancerelle), « Arok » (Gourlaouen).

Un passé tumultueux

Les Douarnenistes aiment leur réputation de turbulence et d’audace téméraire, qu’ils fondent sur leur histoire.

À la croisade, avec le baron du Juch à Damiette, en 1249, ils chassent pourtant en 1640, le prédicateur Michel Le Nobletz. Bonnets Rouges révoltés en 1675, ils sont sans-culottes en 1792, à la prise des Tuileries avec le sergent Antoine Laplanche et le fusilier François Tutor. Jean-Marie Le Bris (1817-1872) et Eugène Béléguic (1809-1878) y sont précurseurs de l’aviation.

Pionniers d’un autre genre, les Douarnenistes élisent, en 1921, le premier maire communiste de France, Sébastien Velly (1878-1924), puis en 1925, contre la loi, une femme, Joséphine Pencalet (1886-1972), héroïne de la grève des sardinières de 1924.

Dès le 18 juin 1940, ils sont les premiers à rejoindre le Général De Gaulle, sur des bateaux de bois, qui trouveront leur place, bien plus tard, dans un Musée à flot inauguré en 1992, au Port-Rhu, à la suite des fêtes du Patrimoine maritime lancées par la revue « Chasse-Marée ».

Depuis 1978, la ville accueille un festival cinématographique voué aux minorités du monde entier. Douarnenez attire marins, chercheurs, peintres, poètes, qui, tel Georges Perros (1923-1978) s’attachent à la magie des lieux et au parler local sonore et savoureux, au breton du terroir. Les Douarnenistes ont aussi conservé une part de leur âme festive, que rappelle chaque année la folle ambiance du Mardi-Gras. Et leur devise reste : « Dalc’h mad ! », Tiens bon !

Nos contes et légendes

La légende de la ville d’Ys. Cité prospère et insoumise qui aurait été construite dans la baie, avant d’être engloutie par l’océan en guise de punition divine.

Cette légende, mise en forme au XIIe siècle, recrée un passé mythique à la Cornouaille en se basant sur des personnages historiques ayant marqué la région avant l’an mil et l’époque des invasions scandinaves.

Plus d’infos

Plus près de nous, un preux chevalier de la Table Ronde donne son nom à l’île proche du rivage : c’est là, dit la légende locale, qu’il meurt d’amour pour Yseult la Blonde. L’Île Tristan, à l’amour consacré, allait pourtant abriter un affreux brigand des Guerres de la Ligue, roué en place de Grève à Paris : Guy Eder de La Fontenelle (1575-1602). L’Île reste à l’origine du toponyme qui désigne le bourg de pêcheurs : il va devenir Douar an Enez, ce Douarnenez actuel qui, en Breton, signifie Terre de l’Île.