salle des gréements du Port-musée

Retour aux sources pour An Eostig

Près de trente ans après sa mise à l’eau, la chaloupe An Eostig est revenue sur la place de l’Enfer pour y être restaurée.

Le chantier du Rossignol, ouvert au public, donne à voir et à comprendre le Douarnenez des années 1910, époque où furent construites les grandes chaloupes du type de An Eostig, ou encore l’histoire de la place de l’Enfer et de son célèbre chantier dit « bolchévique ».

Même si aucune visite n’est organisée pendant la fermeture hivernale du Port-musée, il vous est possible de poser des questions aux charpentiers présents sur ce chantier.

An Eostig Michel Thersiquel Le Chasse Marée

Brève histoire d’An Eostig

Le projet de construction d’An Eostig est né en 1991 dans le cadre du Concours des bateaux des côtes de France lancé par le Chasse-Marée.

Jean-Pierre Philippe, alors charpentier du Musée du bateau, défend l’idée de reproduire une grande chaloupe pontée telle qu’on les construisait à Douarnenez à la veille de la 1ère guerre mondiale.

Ce type de bateau a été conçu en réponse à la crise de la sardine survenue entre 1902 et 1907, afin que les marins puissent diversifier la pêche et aller chercher d’autres ressources à l’aide d’embarcations plus robustes.

Le projet lancé, Jean-Pierre Philippe en dessine les plans à partir de la demi-coque du Rapace des mers de Camaret et d’un ex-voto du Guilvinec.

La chaloupe est construite sur la place de l’Enfer, et mise à l’eau pour l’inauguration du Port-musée.

« An Eostig est un bateau très douarneniste, qui fait la jonction entre les chaloupes de la 2e moitié du XIXe du type de Telenn Mor, et le canot D21 ou le langoustier Skellig, plus tardifs. C’est une réplique admirablement conçue et construite, mais qui était fatiguée. »
La mise à l’eau de la chaloupe au mois de mai 1993.

Les enjeux techniques de la restauration

Comment les charpentiers du Port-musée restaurent-ils An Eostig ? Laurent Perhérin, responsable des collections à flot, précise la méthode et les techniques employées :

Le bateau est imposant et ne pouvait rentrer dans l’atelier du Port-musée. Nous l’avons donc installé sur la place sous une structure habillée de bardage rappelant les hangars d’autrefois. Les formes très arrondies de la chaloupe nécessitent une grande quantité de bois courbe difficile à trouver. Aussi, à la différence de la charpente originelle, les pièces les plus arrondies sont réalisées dans du bois lamellé-collé. Cette entorse au principe de restauration est tolérée pour An Eostig qui est une réplique.
L’anse de l’Enfer vers 1857 fut comblée en 1901.

Un chantier pédagogique

La restauration de la chaloupe s’accompagne d’un programme d’actions pour le public scolaire et de visites et rencontres thématiques pour tous.

« Ce chantier nous donne l’opportunité d’aborder les questions de conservation et de restauration du patrimoine, les contraintes réglementaires ou techniques qui s’y rapportent. Nous pourrons proposer au public des rencontres régulières avec l’équipe du musée, d’anciens pêcheurs ou d’autres intervenants sur des thématiques comme la gestion des forêts et les bois de marine, les techniques moderne de charpenterie navale, la conservation virtuelle/numérique ».

La place de l’Enfer renoue avec la construction navale

Les coups de marteaux des charpentiers de marine ont longtemps résonné sur la place de l’Enfer, comme tout au long des quais du Port-Rhu. En 1925, le chantier « Charpentiers réunis » s’installe sur la place, rebaptisé « chantier bolchévique » par les Douarnenistes en raison de sa forme associative et des convictions politiques des associés.

Devenu par la suite le chantier « Largenton frères et C. Nicolas », il cessera son activité en 1969. Puis il y eut les Ateliers de l’Enfer, la reconstruction du Flimiou et aujourd’hui ce nouveau chantier : « c’est comme un voyage symbolique, un retour aux sources » résume le Conservateur du Port-musée.

© Ville de Douarnenez

AN EOSTIG

Longueur : 13,5 m
Largeur : 4,20 m
Architecte et constructeur : Jean-Pierre Philippe
Mise à l’eau : 22 mai 1993, lors de l’inauguration du Port-musée
Type de bateau : grande chaloupe pontée typique des années 1910.