Découvrez les multiples visages de l’île Tristan

À quelques encablures du port de Douarnenez, l’île Tristan est un site protégé qui séduit instantanément le visiteur par la grâce et la sérénité qu’elle dégage.

Longtemps propriété privée, l’île Tristan appartient au Conservatoire du littoral depuis 1995 et la ville de Douarnenez en assure l’entretien. Ces partenaires concilient l’ouverture au public et la nécessaire préservation de cet espace naturel fragile.

Chaque visite est un privilège, qui dévoile une mosaïque de lieux et d’atmosphères insoupçonnables depuis le continent. Dans un mouchoir de poche se côtoient landes et jardin exotique, verger et parc boisé, demeure bourgeoise et bâtiments industriels, fortin et phare… autant de témoignages du passé.

Un cocon végétal

Au début du 20e siècle, l’île Tristan était essentiellement recouverte d’une flore littorale basse, propre aux îles bretonnes. Des plantations nouvelles ont favorisé progressivement une allure arborée.

Un cheminement bordé de murets de pierres sèches met en scène l’île. Au fil de la visite, une mosaïque de paysages et d’ambiances saisissent le promeneur, de prairies en landes, bois, grèves et falaises.

Au cœur de l’île se découvrent des espaces façonnés par l’homme. Un vaste verger (1) accueille des variétés anciennes d’arbres fruitiers : pommiers, mûriers, noyers, poiriers, mirabelles…

Il est amené à s’étoffer de nouvelles espèces aromatiques, médicinales et culinaires, qui rappelleront la présence d’un riche prieuré en des temps anciens.

Derrière de hauts murs, un jardin exotique (2) a également trouvé sa place sur l’îlot du bout du monde. Ancien lieu de méditation abritant une roseraie, il a été transformé dans la première moitié du 20e siècle par la famille Richepin, alors propriétaire de l’île. Araucarias et myrtes du Chili, bambous et palmiers de Chine, fuchsias de Magellan en font un lieu d’une grande beauté.

Avec 158 espèces végétales recensées, l’île Tristan révèle une diversité importante de milieux naturels. Préservées génétiquement par l’insularité, ces espèces se différencient de leurs semblables continentales.

C’est là tout son cachet et une part de sa fragilité.

Un destin romanesque

L’île Tristan a donné son nom à la ville de Douar-an-enez, la « terre de l’île ». Située à l’entrée de la ria du port-Rhu, elle s’est imposée comme une base de défense naturelle depuis les temps les plus reculés. Les premières traces de présence humaine remontent à l’époque gallo-romaine.

Au 16e siècle, durant les guerres de religion, l’île Tristan a connu un sombre épisode. Guy Eder de la Fontenelle, appelé le « Loup de Cornouaille », en avait fait son repaire. A la tête d’une bande de mercenaires, il pillait et semait la terreur dans toute la basse Bretagne.

Tout au nord de l’île, l’une des constructions défensives les plus récentes est un fortin (3), bâti en 1862. Rapidement tombé en désuétude du fait des progrès de l’artille- rie, il n’a retrouvé son utilité militaire que durant la seconde guerre mondiale.

Les Allemands en avaient fait un maillon du Mur de l’Atlantique, parmi d’autres blockhaus disséminés sur l’île.
A la même époque que le fortin, un phare (4) a été érigé en 1856.

Côté sud de l’île, une maison de Maître (5) et une ancienne conserverie (6), visibles depuis la côte, sont les témoins d’un passé à la fois industriel et littéraire.

A l’âge d’or de la sardine, au 19e siècle, les conserveries fleurissaient à Douarnenez. L’île Tristan a également accueilli la sienne, établie par de riches négociants, la famille Guillou de Penanros. les quais et la cale permettaient de diriger les bateaux chargés directement au pied de l’usine.

Après l’abandon de la conserverie, l’écrivain Jacques Richepin (fils du poète académicien Jean Richepin) et son épouse Cora Laparcerie, femme de théâtre, achetèrent l’île en 1911 pour en faire leur lieu de villégiature.

Ils donnèrent ses lettres de noblesse au bâtiment administratif de l’ancienne conser- verie, en lui adjoignant un pavillon d’angle orthogonal, orné de plusieurs baies vitrées. Dans cette demeure transformée en maison de Maître, le couple recevait de nombreuses personnalités de la vie artistique et littéraire parisienne.

L’ancienne usine fut quant à elle transfor- mée en atelier de peinture, puis en crêperie au cours du vingtième siècle.
Aujourd’hui, ce bâtiment accueille les bureaux du Parc naturel marin d’Iroise à l’étage et une grande salle d’exposition au rez-de-chaussée.

L’île Tristan en quelques mots

  • Superficie: 7 hectares.
  • Localisation: à 300 mètres des côtes de Douarnenez, à la sortie de la rivière du port Rhu.
  • Propriétaire: le conservatoire du littoral depuis 1995.
  • Gestionnaire: la ville de Douarnenez.
  • L’île accueille une antenne du parc naturel marin d’Iroise en journée (8 agents).
  • Un gardien réside sur l’île à l’année.
  • Accessibilité: à pieds à marée basse ou en bateau.
  • Animations: portes-ouvertes, visites guidées, expositions.
  • Centres d’intérêts: paysages variés, jardin exotique, fort de 1862, maison de maître de 1914, phare, salle d’exposition dans l’ancienne conserverie.