Bandeau Port de plaisance - vue du ciel

Le point sur les algues vertes

Depuis quelques décennies déjà, la baie de Douarnenez, comme d'autres zones du littoral breton, voit apparaître sur ses plages des algues vertes en nombre, plus particulièrement en saison estivale.

Voici quelques réponses à vos questions.

Quelle est l'origine des algues vertes ?

Les algues vertes du genre Ulva font partie de l’écosystème marin breton. Elles naissent et grandissent en suspension dans l’eau de mer et sont ballottées en fonction des vents et des courants. Elles se nourrissent essentiellement de sels nutritifs et de lumière.

Depuis les années 80, elles connaissent une croissance excessive dans quelques baies du littoral breton, comme ailleurs dans le monde. C’est le signe d’un dérèglement écologique, essentiellement dû à l’apport excessif de nutriments d’origine agricole (azote) et urbaine (phosphore), charriés par les rivières jusqu’à la mer.

Dépôt d'algues vertes sur l'Estran

Quand parle-t-on de « marée verte » ?

Au printemps et en été, les algues vertes prolifèrent et viennent s’échouer sur l’estran. On parle alors de « marée verte », d’ampleur variable, observée chaque année notamment dans huit sites du littoral breton : les baies de Saint-Brieuc, Douarnenez, la Forêt et la Fresnaye, en Grève de Saint-Michel et dans les anses de Locquirec, l’Horn-Guillec et Guisseny.

Dans ces zones, le phénomène de prolifération s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs :

  • la proximité de l’embouchure de cours d’eau
  • des eaux peu profondes et transparentes qui se réchauffent facilement et où la lumière pénètre bien ( photosynthèse)
  • la luminosité plus importante
  • des eaux peu brassées où les algues et leurs nutriments sont retenus, comme c’est le cas dans les anses et les baies
  • un estran étendu, offrant une surface de dépôt importante

Quelle est la proportion d'algues vertes en baie de Douarnenez ?

La baie de Douarnenez, sableuse, peu profonde, en pente douce et relativement fermée, fait partie des sites exposés aux algues vertes au printemps et en été. Cependant, les nombreuses plages qui jalonnent la centaine de kilomètres de côtes depuis le Cap de la Chèvre sur la Presqu’île de Crozon jusqu’au Cap Sizun, ne sont pas touchées de la même façon.

Sur les six plages du territoire du pays de Douarnenez, seules deux plages sont réellement concernées par les algues vertes :  la plage de Trezmalaouen à Kerlaz et la plage du Ris, à cheval sur les communes de Douarnenez et Kerlaz. Sa partie est, côté Kerlaz, placée sous les vents dominants, étant plus touchée.
Les autres plages de la commune de Douarnenez, (plage des Dames, Pors Melen, Saint-Jean, Sables blancs) sont relativement épargnées par les algues vertes.

Les quantités annuelles ramassées peuvent varier énormément d’une année sur l’autre. Il est possible par exemple d’avoir sur la seule plage du Ris plusieurs milliers de m3 ou de tonnes ( 1m3 = 1 tonne) une année, et quelques centaines l’année suivante. Tout dépend des conditions hydroclimatiques.

En 2017 : 323 m3 d’algues vertes ont été ramassées
En 2018 : 0 m3 d’algues vertes ont été ramassées
En 2019 : 247 m3 d’algues vertes ont été ramassées
– En 2020, 9 ramassages ont été effectués,
pour 715 m3 d’algues vertes emmenées vers la plateforme de co-compostage de Keriolet, gérée par Douarnenez Communauté.
– En 2021, 18 ramassages ont déjà été effectués :
le 21 juin : 220 m3 – le 22 juin : 40 m3, le 26 juin : 160 m3, le 28 juin : 160 m3, le 30 juin : 100 m3, le 2 juillet : 140 m3, le 5 juillet : 20 m3, le 10 juillet : 50 m3, le 17 juillet : 20 m3, le 19 juillet : 20 m3, le 22 juillet : 45 m3, le 24 juillet : 25 m3, le 11 août : 80 m3 , le 19 août : 120 m3 – le 20 août : 45 m3, le 24 août : 40 m3, le 27 août : 20 m3, le 3 septembre : 40 m3.

Soient 1 345 m3.

Les algues vertes représentent-elles un danger ?

Les algues vertes sont inoffensives lorsqu’elles sont en suspension dans l’eau ou fraîchement déposées sur le sable et encore gorgées d’eau.
Elles représentent un danger dans un seul cas de figure : lorsqu’elles sont amassées en tas d’une épaisseur supérieure à 10 cm (sorte de « boudin »), et qu’elles sont exposées à l’air libre durant plus de 48 heures. La couche supérieure forme alors une croûte sèche et imperméable à l’air, de couleur jaune clair à blanchâtre. A l’intérieur de cette croûte, les algues restées humides se décomposent à l’abri de l’air.

Ce confinement entraîne une fermentation qui produit du gaz, notamment du sulfure d’hydrogène (H2S). Si la croûte est crevée et qu’il se libère subitement, ce gaz s’avère fortement toxique car sa concentration dans l’air est importante, au ras du sol. Le danger diminue cependant très vite car, comme tous gaz, le sulfure d’hydrogène se disperse très rapidement, une fois à l’air libre. D’autre part, plus on s’éloigne de la source des émanations toxiques, plus le risque diminue.

Autrement dit :

  • Algues vertes immergées dans l’eau ou fraîchement déposées (moins de 48h) en couche fine sur le sable (inférieur à 10 cm) = pas de danger.
  • Algues vertes accumulées et desséchées, formant des bourrelets recouverts d’une croûte blanchâtre = danger.

Il est alors recommandé de ne pas marcher sur les algues desséchées, de contourner la zone d’échouage et de ramassage pendant les opérations.

Qui décide du ramassage des algues vertes et quand ?

De par ses pouvoirs de police, le maire est responsable de la sécurité dans la zone littorale jusqu’à 300 mètres des côtes. Les communes concernées par les algues vertes ont donc la responsabilité et l’obligation d’organiser un protocole de ramassage sur les plages de leur territoire, sous peine de devoir les fermer.

A Douarnenez, les plages sont quotidiennement surveillées par le service des espaces naturels de la Ville.

Jusqu’à la saison 2019, la procédure de ramassage des algues vertes de la Ville était la suivante : les ramassages étaient réalisés à coefficient décroissant de marée car, dans ce cas, les algues fraîchement déposées sur le sable ne pouvaient être récupérées par la marée montante. Le ramassage était alors systématique dès lors qu’une couche d’algue suffisamment épaisse se formait en haut de plage.

A partir de la saison 2020, il a été décidé par la Ville de Douarnenez en Commission environnement de procéder au ramassage dès que les conditions sont réunies, à marée montante comme à marée descendante.

De cette façon, nous évitons que les algues repartent en mer et s’échouent à nouveau sur la plage du RIs ou ailleurs.

Comment le ramassage est-il effectué ?

ramassage des algues vertes

Les communes font appel à des entreprises spécialisées et expérimentées, choisies par appel d’offre. Elles interviennent chaque fois que possible et nécessaire dans des délais rapides (si possible 24 heures, 36 heures maximum) avec du matériel spécialisé (tracteur avec râteau, plusieurs poids-lourds, chargeur sur pneus) et sécurisé (cabine protégée sous atmosphère, munies de détecteur de H2S). Leurs missions sont suivies par l’Inspection du travail. Durant l’opération de ramassage, le public doit se tenir à distance des engins pour des questions de sécurité.

Que fait-on des algues vertes une fois ramassées ?

épandage des algues vertes

Un autre acteur entre en jeu : la Communauté de communes du Pays de Douarnenez (Douarnenez Communauté), en charge du traitement des algues vertes sur son territoire.

Douarnenez Communauté s’est équipée d’une plate-forme de co-compostage d’une contenance de 5 400 tonnes d’algues vertes, mélangées avec des déchets verts. L’équilibre du mélange (moitié/moitié) est essentiel à l’obtention d’un compost de qualité. L’ensemble est retourné régulièrement pendant un minimum de 4 mois, permettant une montée en température pendant les phases de fermentation et de maturation.

Le produit final est un compost normalisé, appelé substrat organo-minéral (norme NFU44-551 de l’Association française de normalisation, AFNOR) qui peut être valorisé en agriculture ou dans le jardinage. En 2011, 3000 tonnes d’algues vertes ont été traitées sur cette plate forme.

Ce compost est notamment utilisé par les communes du territoire. Il est d’ailleurs mis gratuitement à la disposition des habitants dans les déchèteries et proposé aux agriculteurs du territoire.

Comment le problème est-il traité à la source ? Peut-on prévenir la formation d'algues vertes ?

Douarnenez Communauté et la Communauté de communes de Pleyben, du Pays de Chateaulin et du Porzay travaillent ensemble à la mise en œuvre d’actions préventives concrètes visant à restaurer la qualité des eaux et des milieux aquatiques.

Le contrat territorial de la Baie de Douarnenez 2009-2011 a permis de réaliser de nombreuses investigations sur le terrain, d’acquérir un grand nombre de connaissances sur les milieux naturels et de définir un projet de territoire en réponse à l’appel à projet du Plan de lutte gouvernemental contre les algues vertes.

Ce projet, élaboré en concertation avec tous les acteurs du territoire, a été déposé le 7 novembre 2011. Il a cependant fait l’objet d’un avenant de 6 mois pour intégrer quelques ajustements techniques demandés par le comité de suivi régional. Le dépôt définitif est attendu fin mai.

Les objectifs définis sont une réduction de 200 tonnes d’azote dans les apports mesurés à l’embouchure des cours d’eau d’ici 2015, sur les 900 tonnes annuelles mesurées aujourd’hui. (voir l’EPAB)

140 tonnes sont à réduire au niveau des activités agricoles pour limiter la fuite d’azote.

Les exploitants seront visités, des diagnostics projets seront réalisés au cas par cas, puis un contrat d’engagement individuel sera établi fixant des objectifs atteignables, qui feront l’objet de suivis. Des formes d’agriculture durable sont recherchées, qui permettent une croissance naturellement régulée des algues vertes, comme par le passé.

Les collectivités sont elles aussi associées à cet objectif général par rapport à la protection et la restauration des milieux naturels. Ce travail vise à optimiser des éléments naturels tels que les zones humides, les cours d’eau et le bocage pour restaurer le temps de transfert de l’eau sur les bassins versants. Cette contribution est estimée à environ 50 tonnes de réduction d’azote.

Le système d’assainissement des collectivités et les pratiques de fertilisation des espaces publics et privés non agricoles sont également suivies par le contrat de territoire. La réduction des fuites d’azote est estimée à 10 tonnes d’ici 2015 grâce, notamment, à la réhabilitation des assainissements individuels et collectifs polluants, et la réalisation d’un plan de gestion des eaux pluviales.

Autres infos et liens utiles sur le site de l’EPAB et de Douarnenez Communauté.