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Ils parlent breton

Soixante années les séparent. Pourtant Anaïck et Esma ont un point commun : toutes deux apprennent la langue bretonne.

Soixante années les séparent. Pourtant Anaïck et Esma ont un point commun : toutes deux apprennent la langue bretonne.

À seulement 5 ans, Esma, joli minois encadré de mèches blond vénitien, comprend parfaitement ce que lui dit sa maman en breton, comme son grand frère Olwen. Leur mère, Guylaine, leur parle en breton depuis leur naissance.

Dans les pas de leur maman

Petit coup d’oeil dans le rétroviseur. En 1989, Guylaine fait sa rentrée de maternelle à l’école François Guillou de Pouldavid, dans la toute première classe bilingue de Douarnenez. Puis poursuit ses études dans des établissements gérés par l’association Diwan, à Quimper puis Carhaix. Un parcours dans lequel elle s’épanouit pleinement.

« J’ai beaucoup aimé cette scolarité en breton, j’y ai trouvé une ouverture au monde, un esprit joyeux, des amis. » se souvient-elle. La jeune bretonnante se passionne aussi pour la danse bretonne et le kan ha diskan*. Elle trouve sa vocation et décide de devenir professeur des écoles bilingue.

Alors, lorsqu’elle devient maman, Guylaine fait le choix d’élever ses enfants en breton. Et inscrit Olwen et Esma en filière bilingue à l’école François Guillou qu’elle a elle-même fréquenté 30 ans plus tôt.

Grandir avec deux langues

Le breton est donc à proprement parler la langue maternelle d’Esma et Olwen. Ils l’apprennent à l’oreille, par immersion, à la maison et à l’école. Mais ils parlent aussi français, avec leur papa, leurs grands-parents, des amis.

« Parfois, il passent d’une langue à l’autre, remarque Guylaine. S’ils butent sur un mot dans une langue, ils le disent dans l’autre. Peu à peu ils apprennent à bien distinguer les deux. » Un bilinguisme précoce que la jeune femme encourage : « C’est un plus pour les enfants de maîtriser deux langues dès le plus jeune âge, ils apprennent avec une facilité déconcertante, même dans les familles où on ne parle pas breton à la maison. ».

* Elle chante dans le duo « Guylaine ha Koulmig ».

Après une vie professionnelle bien remplie loin de la Bretagne, c’est à Douarnenez qu’Anaïck a posé ses valises. Elle a auparavant travaillé à Paris et en Ukraine, en Russie, en Azerbaïdjan, au Pakistan, en Israël pour y mener des chantiers de fouilles archéologiques.

Elle parle couramment l’anglais et le russe, mais à l’heure de la retraite, elle s’est lancé un nouveau défi : apprendre la langue bretonne. Une envie qui remonte à son enfance et aux souvenirs du breton parlé par sa grand-mère.

Pourquoi le breton ?

Son enfance passée à Paris ne l’a pas pour autant coupée de ses racines bretonnes.

« Mes parents avaient quitté leur Morbihan natal pour travailler à Paris et étaient nostalgiques de la Bretagne. Ils dansaient dans les festoù-deiz et festoù-noz de la région parisienne avec leur cercle celtique. Ils m’ont transmis l’amour de cette musique mais pas la langue qu’ils ne parlaient pas. Et pour les vacances, j’allais chez mes grands-parents à Arradon. J’étais fascinée par la musique de cette langue que je ne comprenais pas. L’apprendre aujourd’hui, c’est rendre hommage à mes parents et à ma grand-mère, c’est un retour aux sources. »

Dur, dur d’apprendre le breton

« Douarnenez est une ville originale, j’aime son passé et son histoire. Une fois en retraite, je m’y suis installée et inscrite aux cours de breton de la MJC. » Très motivée, elle avoue cependant la difficulté de l’entreprise : « J’ai beaucoup plus de mal à apprendre le breton à 66 ans que le russe à 20 ans. À mon âge, on n’absorbe pas à l’instinct comme les enfants, il faut apprendre les règles de grammaire, le vocabulaire, c’est plutôt austère. Avec les autres membres du groupe, on s’accroche comme des berniques à leur rocher. Mais j’espère pouvoir bientôt tenir une conversation simple et dans quelques années, lire en breton et chanter des gwerzioù*. »

Férue de musique bretonne depuis sa tendre enfance, Anaïck s’est également inscrite au cours de kan ha diskan à la MJC. Elle se félicite de la récente qualification de Alvan et Ahez au concours de l’Eurovision :
« J’étais folle de joie que la France soit représentée par de jeunes bretonnants, preuve que le breton est une langue bien vivante. 200 000 locuteurs brittophones, c’est pas énorme mais la relève est assurée. ».

* Chants bretons racontant une histoire ou une épopée historique.

Retrouvez l’article traduit en breton ci-dessous.

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Ils parlent breton – article traduit en breton

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