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Port musée
Classé « Musée de France », le Port-musée est le plus maritime des musées de France et possède une collection de référence nationale. Installé dans une…
Jusqu'au 6 novembre, le Port-musée de Douarnenez accueille une ambitieuse exposition d’art contemporain regroupant une cinquantaine d’artistes en lien avec le sculpteur métal à l’initiative du projet, Fred Barnley, autour du thème de la signalisation maritime.
Commissariat d’exposition
Fred Barnley, artiste
Kelig-Yann Cotto, Conservateur
Sophie Desplancques, Régisseur des collections
Emmanuel Meynard, photographe
Annelise Nguyên, artiste
Mik Poullard, artiste et enseignant
Graphisme
Studio Alain Le Quernec
C’est un projet qui est né de rencontres. Celle de retrouvailles entre l’ancien chef de l’atelier métal de l’École Nationale Supérieure des Arts Appliqués de Paris et certains de ses élèves, constituant la première équipe embarquée du projet. Celle d’un rapprochement avec le Port-musée de Douarnenez, établissement sous appellation Musée de France (et certainement le plus maritime de cette jauge) qui a fait appel par le passé à plusieurs anciens élèves de Fred Barnley, et qui en sera son havre. Celle d’un rendez-vous avec le domaine de la signalisation maritime, si présente sur les côtes découpées et stratégiques du Finistère et dont le patrimoine historique fait aujourd’hui l’objet de beaucoup d’attentions.
C’est un voyage exploratoire, une évocation poétique du balisage maritime, mené par un large collectif d’artistes : ces équipiers, anciens élèves de Fred Barnley pour la plupart, ont répondu avec abnégation à un appel à projets, assurant ensuite la production et la fabrication de leurs oeuvres.
D’autres ont rejoint également cet équipage, inspirés par ce thème évocateur proche du métal. Ce matériau autorise une grande variété de proportions, de la joaillerie à la sculpture monumentale mais aussi une grande diversité des formes grâce à ses nombreuses transformations possibles. D’autres arts graphiques ou visuels, comme la vidéo et la photographie se mêlent et répondent en écho aux oeuvres en volume, tels que les papiers collés de Gildas Bitout qui, au détour d’un mur, montrent la route à emprunter durant l’intégralité du cheminement du visiteur.
Né en 1954, à Paris, Fred Barnley est un ancien élève du célèbre orfèvre et designer Serge Mouille. Il lui succède à l’École nationale supérieure des Arts appliqués “Olivier de Serres” comme enseignant à l’atelier métal en 1987. En parallèle, il poursuit sa carrière d’artiste en exposant partout en France mais aussi dans de nombreux autres pays comme l’Allemagne ou la Corée. Des sculptures métalliques à l’animalité étrangement organique aux machines rétro futuristes, son oeuvre est marquée par l’esthétique steampunk, inspirée du XIXe siècle industriel.
Aujourd’hui, il accueille régulièrement des stagiaires dans son atelier à Courchamps, près de Château-Thierry dans l’Aisne. C’est d’ailleurs en voulant travailler sur des problèmes techniques bien spécifiques avec l’une d’entre elle qu’il crée une balise imaginaire, qui sera la première d’une série qu’il propose d’exposer au Port-musée et qui devient le jalon fondateur de l’exposition ARTBALISE.
Le récit de La perle, écrit par Sophie Desplancques, donne le la au parcours du visiteur. Pareillement à la balise Y16 décrochée de son rivage, le visiteur part à la découverte des oeuvres. Sa circulation est tantôt flottante et libre, portée par des courants intérieurs, tantôt canalisée et guidée comme dans un chenal balisé avant l’arrivée au port. Les artistes jouent sur l’esthétisme des formes et des couleurs des phares, balises et tourelles imaginaires qui jalonnent le parcours. En témoignent les bouées carnavalesques de Oriane Poncet. Ils en détournent également l’utilité et les codes à l’instar du tissage d’Alicia Long, qui délivre un message en morse sur les ressentis de l’océan.
Le monde du balisage maritime est aussi un univers de lumières, de sons et de rythmes. Ainsi, le visiteur termine son voyage dans les abysses, absorbé ou “médusé” par les animaux marins de Laurent Cadilhac, des installations au subtil mouvement et à l’équilibre fragile.
L’exposition réunit trois générations d’artistes puisque Mik Poullard, élève de Fred Barnley, est lui-même devenu enseignant et propose à ses élèves en arts appliqués (DNMADE création métal du lycée Vauban à Brest) de rejoindre l’aventure sous la forme d’un projet de classe, soutenu par le Département Finistère pour l’achat de matériel.
Ils travaillent individuellement sur une collection de petites bouées basculantes imaginaires, à partir d’un lieu réel et de ses légendes associées ou tout simplement en rapport avec sa toponymie. En petits groupes, ils réalisent également des bouées de très grands formats pour expérimenter d’autres techniques de chaudronnerie et de métallerie.
L’organisation de l’ensemble, de la construction de la scénographie de cette gigantesque installation de 1300 m² au suivi de sa médiation et à la publication du catalogue de l’exposition, est prise en charge par le « musée-affréteur ».
L’atelier du Port-musée, une équipe experte en matière d’entretien et de restauration des collections maritimes, assure également la conception et la fabrication des mobiliers et supports de l’exposition.
Cette exposition hors norme est conçue comme un passage sensible et imagé entre le balisage et les arts. Elle constitue un chenal imaginaire de la technologie à la poésie, rendu possible grâce à l’inventivité de trois générations d’artistes qui se succèdent, alors même que les dispositifs de balisage et de navigation continuent d’évoluer.
Plus d’infos sur Anne-Lise Nguyen.
Catalogue d’exposition
Arts et balises
Collectif sous la direction de Kelig-Yann Cotto
Coédition Locus Solus, Port-musée de Douarnenez et Conseil départemental du Finistère
Broché rabats
144 pages, tout couleur
Format 21 x 27 cm.